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Retraite annuelle du troisième groupe: “Enracinées dans l’amour, l’espérance et la docibilitas pour une culture synodale. ”

« Lorsqu’un cœur se laisse façonner par l’Esprit Saint, s’enracine dans l’amour et s’ouvre à l’espérance, il devient un terreau fertile pour la communion et le cheminement synodal.”

 

C’est avec cette disposition intérieure que les Sœurs du troisième groupe se sont préparées à vivre les Exercices Spirituels annuels. Le dimanche 27 juillet 2025, trente (30) Sœurs et six (6) novices en préparation à leurs premiers vœux sont arrivés à la Maison Provinciale des Salésiens de Don Bosco à Fleuriot.

Vers les 15 heures, la Provinciale, Sœur Altagrâce Mathias, a tenu sa première rencontre. Elle a invité les Sœurs à méditer la portion dʼEvangile Johanique au chapitre quinzième, les versets 16 et 17: « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.»

Les Sœurs ont inauguré leur retraite par une messe votive à l’Esprit Saint. Le prédicateur, le père Yves André Saint Félix CICM, leur parle ainsi dans son homélie: “L’Esprit Saint, troisième personne de la Trinité, nous rend fils et filles de Dieu dans le Christ. Il est notre consolateur, guide et accompagnateur. C’est lui qui a donné aux disciples la force d’annoncer la Parole de Dieu. Cette parole qui continue de nous former et de nous transformer. Durant ce temps de grâce, nous sommes invités à nous laisser renouveler par l’Esprit pour avoir un cœur en paix, un cœur dont Haïti a profondément besoin aujourd’hui.”

Au cours de cette retraite, les Sœurs ont suivi les méditations du prédicateur, sur le thème: « Dans la Docibilitas, enracinées dans l’amour et dans l’espérance pour une Culture Synodale ». Avant d’aborder le thème, le Père Yves André a pris le temps de peindre le profil de Jésus dans les quatre Evangiles. Il mit en évidence le Jésus de Marc très spontané, toujours en mouvement, extraverti, conflictuel, lui qui proclame la Bonne nouvelle et qui est en même temps la Bonne Nouvelle venant du Père ;  Le Jésus de Mathieu, par contre est attaché à la tradition, ne parle pas de lui-même mais reste connecté à ses origines. C’est un Jésus intraverti qui ne fait pas de bruit et est à la fois perfectionniste. Il est un médiateur, un pont, il est conciliant, c’est le Messie attendu, l’homme de la montagne, la Parole réalisée, incarnée, matérialisée. Il est modèle pour les familles, pour l’Eglise. Le Jésus de Luc qui nous vient à travers une famille, exemple de relation, de convilialité, lieu de respect, d’accueil, de dignité. C’est le Jésus miséricordieux qui se penche pour guérir nos blessures et ouvre les bras pour accueillir les pécheurs et les rejetés de la société. Le Jésus de Jean est le Jésus pré-existentiel, le mystique, le Chemin, la Vérité et la Vie, la Porte, le Bon Berger, la Résurrection et la vie. C’est l’Amour pur et le pur amour, il est dépassement, transcendance, lumière qui conduit à la fête. Il ne fait pas de miracles, mais donne des signes : il parle et la parole se réalise. Père St Félix nous a donc invitées à reconnaitre ces traits de Jésus présents en nous-mêmes et en chacun des membres de nos communautés ; cela nous aidera à mieux nous connaitre, nous accepter, et accepter les autres pour grandir ensemble dans la réciprocité et la synodalité, travailler pour la gloire de Dieu avec nos différences.

Il a utilisé une méthodologie participative en approfondissant le thème selon quatre sous-thèmes: la Docibilitas, l’enracinement dans l’amour, l’enracinement dans l’espérance et la culture synodale.

Selon lui, la Docibilitas, c’est la capacité de se laisser influencer et impacter par le divin. Ce dernier est l’Amour même. S’enraciner dans l’amour, c’est prendre racine en Lui qui est le fondement de toute existence. L’amour est aussi lié à l’espérance, car s’enraciner dans l’espérance, c’est prendre racine dans la charité. Ainsi, l’espérance naît de l’amour. Le Prédicateur continue en disant que dans un monde en perpétuel mouvement où les repères se brouillent et les relations humaines s’effritent, il devient essentiel de revenir à l’essentiel. Pour toute personne appelée à vivre une vocation chrétienne, et plus particulièrement une vocation salésienne, il s’agit de s’enraciner profondément dans l’amour, de se nourrir de l’espérance et de faire croître une culture synodale. Ces trois piliers : amour, espérance et synodalité, forment le terreau fertile d’une vie féconde, joyeuse et docile à l’action de l’Esprit Saint.

Donc, enracinées dans l’Amour est le fondement de toute vocation. L’amour est bien plus qu’un sentiment passager : il est le fondement même de la vie chrétienne. L’amour dont nous parlons ici est celui que Dieu nous offre sans mesure, l’amour agapè. C’est un amour qui sauve, qui libère, qui restaure, qui pardonne et qui relève. Saint Paul nous exhorte : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; soyez enracinés et fondés dans l’amour, pour avoir la force de comprendre… ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de l’amour du Christ. » (Éph 3,17-18). Lorsque nous sommes enracinées dans cet amour, nous devenons capables de transformer le monde à travers nos relations. Nous devenons présence, tendresse, lumière. Des figures bibliques comme la Samaritaine ou Marie de Magdala sont les témoins vivants d’un amour qui restaure la dignité blessée. Être enraciné dans l’amour, c’est aussi refuser les relations toxiques, les jeux d’égo, les blessures affectives non guéries. C’est choisir l’amour qui élève, qui purifie, qui sauve.

Aussi, enracinées dans l’Espérance est une force pour le chemin. L’espérance n’est pas un simple optimisme naïf. Elle est une vertu théologale, un souffle intérieur qui nous pousse à croire contre toute espérance, même au cœur des ténèbres. Elle est ancrée dans la promesse fidèle de Dieu, alimentée par sa Parole et les Sacrements. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous invite à tenir ferme à cette espérance : « Nous avons pris pour refuge l’espérance qui nous est proposée. Elle est pour nous comme une ancre de l’âme, sûre et solide, pénétrant jusqu’au-delà du voile. » (He 6,18-20)

Le Pape François, dans sa lettre pour l’Année Jubilaire 2025, nous rappelle que l’espérance ne déçoit pas: SPES NON CONFUNDIT. Dans un contexte de crise mondiale, de souffrance humaine et de perte de sens, être enracinées dans l’espérance, c’est faire preuve de résilience, de créativité, de courage. C’est croire que la vie peut jaillir même des ruines, que l’amour peut triompher de la haine, que l’Église peut se renouveler. C’est vivre en femmes debout, joyeuses dans l’espérance, bâtissant un monde nouveau.

En outre, la synodalité, au cœur du cheminement de l’Église aujourd’hui, nous invite à marcher ensemble dans la foi. Elle n’est pas une simple stratégie pastorale, mais un style de vie ecclésial. Elle repose sur trois piliers: la communion, la participation et la mission. Être enracinées dans une culture synodale, c’est vivre l’écoute, le discernement communautaire, la coresponsabilité, le dialogue et la fraternité. C’est répondre à l’appel du Pape à former une Église capable d’accueillir, d’écouter, de guérir les blessures et de tendre la main. Dans un monde divisé, la culture synodale devient un remède: elle guérit de l’individualisme, de la domination, de l’exclusion. Elle nous façonne comme femmes de communion, servantes de l’unité, prophètes d’un monde nouveau.

En tant que psychologue, P. St Félix a fait une approche psychologico-existentielle du thème. Il nous a exhortées à reconnaitre et à nommer nos blessures, à être en contact avec nos émotions et nos sentiments. En ces moments que traverse notre pays, nous avons besoin de faire le deuil de tant de pertes que nous éprouvons pour laisser la place à l’espérance.

Sr Altagrâce, de son côté, a apporté la touche charismatique avec le thème : « Avec Don Bosco et Mère Mazzarello, dans la docibilitas, enracinées dans l’amour et dans l’espérance pour une culture synodale. Elle nous a fait contempler la façon originale de nos Fondateurs de traduire en vie et de transmettre par leur enseignement la belle exhortation de Paul aux Colossiens, chapitre 2, verset 7 : « Enracinés et édifiés en Lui, restez fermes dans la foi », qui est aussi notre cri du cœur dans la Province pour cette année 2025-2026.

Le dimanche 3 août, 18ᵉ dimanche ordinaire de l’Année liturgique C, la retraite s’est terminée par une messe de clôture, de renouvellement des vœux, célébrés par le révérend Père Morachel Bonhomme SDB. La liturgie, centrée sur le thème « Vanité des vanités, tout est vanité », nous enseigne que les richesses matérielles sont passagères, tandis que la véritable richesse, celle du royaume de Dieu, est éternelle. Elle nous invite aussi à reconnaître notre vraie identité, au-delà des apparences et de l’illusion que nous avons de nous-mêmes.

À l’issue de ces Exercices Spirituels annuels, les sœurs se sentent renouvelées pour une vie communautaire plus épanouie, où chacune portera un autre regard sur l’autre. En somme, nous tenons à remercier le Seigneur pour sa bienveillance permanente à l’égard des participantes. Aussi, remercions-nous chaque personne ayant contribué à la réussite de nos Exercices Spirituels. Merci à la Provinciale, Sœur Altagrâce Mathias et aux membres de son Conseil pour leur savoir-faire et leur ouverture à l’Esprit Saint. Merci au Prédicateur, le Père Yves André Saint Félix pour sa disponibilité. Merci au Provincial de la Société de Saint François de Sales, le Révérend Père Morachel Bonhomme, merci au Directeur, le Père Victor Auguste et à chaque Salésien de la maison Provinciale des Salésiens de Don Bosco pour l’hospitalité. Merci aux cuisinières et à chacune des Sœurs qui se sont données pour nous aider à bien vivre la retraite. Puisse le Seigneur continuer à déverser sur vous ses grâces et qu’Il vous accompagne dans votre quête quotidienne de sainteté, à la suite de Saint Jean Bosco et de Sainte Marie Dominique Mazzarello.

Et maintenant, marchons donc ensemble, enracinées dans le Christ, à l’école de Marie, avec l’esprit de nos Saints Fondateurs. Avec foi, allons porter la lumière de l’amour, le feu de l’espérance et la force du « marcher ensemble » dans nos communautés, nos missions, et jusqu’aux périphéries de ce monde assoiffé de sens.

 

 

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