Du 17 au 24 juillet 2025, la communauté Sacré-Cœur de Hinche s’est transformée en un abri de paix et de profonde introspection, accueillant le deuxième groupe des retraitantes. Cet évènement a rassemblé 24 Sœurs, venues des communautés du Grand Nord : Hinche, Cap-Haïtien et Ouanaminthe ainsi que quelques Sœurs des communautés de l’Ouest. Ce fut une semaine de grâce exceptionnelle et de réflexion profonde autour du grand thème : « Dans la docibilitas, enracinées dans l’amour et dans l’espérance pour une culture synodale. » Ce thème a non seulement orienté les réflexions, mais aussi insufflé une dynamique nouvelle de communion et de croissance spirituelle.
L’ouverture de ces Exercices Spirituels a été un moment fort, imprégnée d’une spiritualité palpable. Sœur Altagrâce Mathias, notre Provinciale, a inauguré la retraite avec des mots qui ont résonné profondément en chaque cœur, nous invitant à « Demeurer dans la Parole de Dieu et dans l’amour de Jésus. » Son appel clair et fervent a posé les fondations d’une semaine dédiée à l’écoute et à la réception de la grâce divine. La messe d’ouverture, votive à la puissance de l’Esprit Saint et célébrée par notre remarquable Prédicateur, le Père Yves André Saint Félix, CICM, a agi comme un véritable catalyseur. Chacune de nous a été invitée à se laisser transformer par la force de l’Esprit, afin de s’ouvrir pleinement à la richesse de la Parole de Dieu.
Le cheminement spirituel, soigneusement préparé, a débuté par un mot du soir éclairant du Père Yves André Saint Félix, nous aidant à embrasser pleinement le caractère sacré de la retraite. Il a façonné cette introspection en présentant les trois moments fondamentaux de la vie spirituelle en nous aidant à découvrir à quelle heure nous sommes arrivées pour la retraite: le matin, qui englobe une disposition intérieure et extérieure, fraiche et pleine de vie. Le midi avec la fatigue, la faim le découragement et enfin le soir, qui contient le sommeil. Avec une pédagogie empreinte de compassion, le Père a ensuite abordé les cinq blessures de l’homme : le rejet, la trahison, l’humiliation, l’abandon et l’injustice. Cet exercice puissant a permis à chacune de nous d’identifier et de reconnaître ses propres expériences, qu’elles soient de victime ou de coupable, et d’entamer un processus de guérison intérieure essentielle à notre épanouissement.
Avant d’approfondir le thème central de la docibilitas, le Père nous a conviées à une découverte fascinante des multiples facettes de Jésus, telles que présentées dans les quatre Évangiles :
Le Jésus de Marc : qui est un Jésus actif, pragmatique, sans origine, parfois confrontant.
Le Jésus de Matthieu quant à Lui est prestigieux, plus intérieur et évitant la confrontation directe.
Le Jésus de Luc : qui est un compagnon de route, messager de bonnes nouvelles, porteur de joie.
Le Jésus de Jean : Lui, est un homme mystérieux qu’on n’arrive pas à comprendre, transcendant, révélant la profondeur divine.
L’objectif de cette exploration n’était pas seulement de permettre à chacune de nous de découvrir son « Jésus » personnel, mais aussi de nous aider à reconnaître que ces archétypes se retrouvent au sein de toutes nos communautés. Cette prise de conscience a favorisé une invitation profonde à l’acceptation de la diversité et à la recherche d’une harmonie durable.
Le concept « docibilitas », loin d’être réduit à une simple « marche ensemble », a été magnifiquement élargi par le Père Yves André dans ses conférences. Il a mis en lumière que la docibilitas est avant tout une attitude de souplesse, d’humilité et d’ouverture, la capacité fondamentale d’apprendre à désapprendre pour mieux réapprendre. C’est, en somme, une disposition intérieure cruciale, un mode d’être qui façonne le cheminement spirituel individuel et la vie communautaire.
Parallèlement à ces enseignements riches, Sœur Altagrâce nous a rappelé l’importance cardinale des Constitutions de la congrégation. Pour elle, ces textes ne sont pas de simples règlements, mais la voie sûre pour suivre les traces de nos Saints Fondateurs et atteindre la sainteté. Dans ces mots du soir, elle a également mis en lumière le visage lumineux de Marie, femme eucharistique, s’appuyant sur l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia du Saint-Père Jean-Paul II, et rappelant avec ferveur l’importance de l’article 173 des Constitutions, qui scelle notre alliance profonde avec Dieu.
Cette semaine de retraite a été pour chacune de nous un temps précieux de ressourcement spirituel intense et de repos bienfaisant. Les méditations profondes, les visites Eucharistiques, les adorations silencieuses du Saint-Sacrement, la messe quotidienne et les temps de prière intenses ont nourri l’âme, fortifié la foi et ravivé la flamme intérieure. Ce fut également une occasion privilégiée de réconciliation profonde avec nous-mêmes, avec les autres et, par-dessus tout, avec Dieu. Un espace sacré où les cœurs se sont ouverts à la miséricorde et à la paix.
Le dernier jour, soit le 24 juillet, la retraite a pris fin avec une messe de clôture émouvante et pleine de sens. Ce fut un moment de joie et d’engagement renouvelé, où quatre des cinq jeunes sœurs présentes ont renouvelé leur « oui » au Seigneur. Sœurs Etienne Ansuse-Line, Félix Mineuve et Jean Pauline ont renouvelé leurs vœux pour une année, jusqu’au 3 août 2026, tandis que Sœur Estéphanie Saint-Philippe a fait son engagement pour deux ans, jusqu’au 3 août 2027. Dans un geste de profonde unité et de dévotion, toutes les Sœurs présentes ont uni leurs voix à la fin de la célébration pour renouveler leurs vœux, scellant ainsi leur engagement indéfectible et leur amour ardent pour Dieu et leur vocation.
Cette retraite restera gravée dans nos cœurs comme un temps de profonde communion, d’apprentissage transformateur et de renouveau spirituel. Elle a non seulement renforcé les liens fraternels, mais a surtout jeté les bases solides d’une culture synodale toujours plus enracinée dans l’amour, l’espérance et une foi inébranlable en Dieu. Nous réitérons nos plus vifs remerciements à notre infatigable et courageuse Provincial, Sœur Altagrâce Mathias et son Conseil pour leur optimisme et leur sens aigu de conserver les traditions malgré les difficultés. On a une fois de plus brisé les barrières géographiques érigées par l’insécurité croissante jour après jour! Grâce soit rendue à Dieu!