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Un miracle s’est produit au CMR

Au terme de cette année académique 2023-2024, nous rendons grâce au Seigneur de nous avoir assistés et accompagnés dans cette mission d’éduquer les jeunes et les enfants. Au Collège Marie Régine des Sœurs Salésiennes à Thorland la tâche a été très délicate. Certains jours il nous a fallu beaucoup de courage pour terminer même une journée. La communauté a été compréhensive et généreuse pour venir à la rencontre des professeurs et des élèves en situation difficile, Elle a meme hebergé un groupe de professeurs et élèves de Novembre 2023 a Juin 2024. Beaucoup de jeunes, de parents et de professeurs ont été contraints d’abandonner leur maison ; cette situation les a démotivés et contrariés dans l’apprentissage ou la concentration de tout un chacun. Mais grâce à Dieu,  nous sommes arrivés à boucler cette année scolaire si mouvementée.

N’est-ce pas pour nous un miracle, un  moment de joie et de gratitude ?

Ce miracle s’est accompli grâce à la participation de toute une catégorie de gens motivés, disponibles et soucieux de servir les enfants. Ainsi, la responsable de la communication de la communauté Marie Régine de Thorland ; Sœur Johana Pierre à la fin des examens de la 4 ème étape a pris le soin de rencontrer un membre de chaque secteur, pour  partager avec vous chers lecteurs leur expérience durant cette année.

Sœur Johana : Sœur Fania Fénélon, professeure de catéchèse et responsable de la pastorale, madame Diana Mirlande Jean Baptiste JOSEPH : Conseillère Pédagogique du 3e Cycle et du secondaire, monsieur Royer Clausel professeur de philosophie et de français, madame Marie José Jean Baptiste Lamour : professeure de savoir vivre, madame Myrlène Cicéron maîtresse de la 13 ème et madame Gina  Gérome celle la 6 ème année, devaient répondre à cette question : En tant qu’enseignants chaque année vous formez plusieurs générations mais cette année n’a pas été facile,  alors comment avez-vous pu   vous adapter à cette situation si difficile ?

Sr Fania : Notre objectif pour la pastorale a été réalisé, malgré la réalité de notre pays, on a profité de tous les bons moyens pour transmettre Dieu à tous ceux qui nous entourent spécialement les destinataires.

Mme Diana : Avec la collaboration de tout le reste du staff de la direction et de la communauté, il m’a fallu harmoniser la compréhension et la sévérité pour sauvegarder la discipline et la réussite de l’année. Il fallait aux heures appropriées me rendre disponible pour les parents, les élèves, les professeurs dans une écoute active et profonde tout en éduquant et en aidant à prendre conscience que tout n’est pas fini en dépit de toutes les vicissitudes de notre pays, il nous faut des jeunes formés et éduqués pour qu’Haïti sera relevée de ses cendres… Parfois c’était difficile de parler d’Espérance et de Foi avec nos jeunes puisque tout paraissait obscur. Mais nous n’avons pas  abandonné. Pendant tout le mois de Mai, chaque midi, nous avons en communauté de foi tout stoppé pour prier l’Angélus et confier notre chère Haïti à Notre Mère du Ciel pour qu’elle intercède auprès de son Divin Fils. C’est avec la joie au cœur que nous avons constaté la disposition intérieure de toutes les religions de cette grande cour de Thorland s’unir pour prier dans un silence et une soif de délivrance pour Haïti. Avec le programme Parole humanitaire des Etats Unis, plusieurs jeunes étaient plus focalisés sur des voyages que sur leurs études. ‘’Il nous a fallu les aider à comprendre ainsi qu’à leurs parents que l’éducation n’a pas de race, ni de frontière ni de classe sociale. Il faut se laisser éduquer pour le monde entier’’. Quelques-uns ont compris nos démarches et se sont laissés accompagnés jusqu’au dernier jour de leur voyage, d’autres ont dû quitter leur maison pour se réfugier ailleurs. Cette situation chaotique du pays surtout de notre commune a atteint la performance des enfants au niveau académique et disciplinaire. Mais malgré des jours sombres, des jours désespérants si on oserait dire ainsi, nous avons pu boucler cette année  Sous la Protection Divine et le Manteau Maternel de Notre Maman du Ciel. Un staff de discipline qui souvent oubliait leurs fatigues personnelles et familiales pour collaborer à cette belle mission salésienne de Thorland.

Monsieur Royer : « Depuis environ une décennie, l’école en Haïti a perdu son rythme de fonctionnement normal. Je suis éducateur dans tout mon être. C’est pourquoi j’entends accomplir ma tâche en tant que tel, quelle que soit la situation. J’ai fait face à une crise sans pareille, qui a changé le cours des choses, l’invasion de Mariani par des hommes armés. Du coup, j’ai dû m’adapter. Souvent, je fais la route à pied, de Lambi à Carrefour, en passant au milieu des d’hommes armés, parfois, sous les feux des blindés de la police pour venir travailler à Marie Régine. Ceci, ce n’est pas simplement pour me procurer un peu d’argent, car, je pourrais fuir la capitale et m’installer ailleurs et ouvrir d’autres activités économiques comme d’autres personnes l’ont fait, mais aussi et surtout, pour être plus près des jeunes, afin de répondre à mon engagement envers eux et qui ont grandement besoin d’une expérience comme la mienne. Grâces soient rendues au Seigneur Tout-puissant, le maître des circonstances, nous avons réussi cette année académique à mains fortes et à bras étendus. Crions Eben-Ezer! Eben-Ezer! »

Marie José Jean Baptiste Lamour : « Ça a été super ! Mais au commencement de l’année c’était dur. J’ai demandé au Seigneur Jésus qu’est ce qu’il m’a envoyé faire ici ? Je peux dire que ce fût extraordinaire, j’ai passé une très bonne année avec les élèves malgré la situation désastreuse de notre commune. Je trouve que les élèves ont beaucoup de courage. Ils font beaucoup d’efforts pour venir à l’école. Que Dieu dans sa miséricorde infinie les garde, les protège et leur donne et à nous aussi une autre Haïti et nous donne une autre mentalité plus chaleureuse, positive, tolérante et aimante.  Un merci spécial à Dieu qui nous a protégés et aux sœurs, spécialement à sœur Monise Rodney qui a dû faire face aux stress des parents, élèves et professeurs.

Madame Myrlène : « Le métier d’enseignant est pour moi une mission. Depuis le début du mois de novembre j’ai dû faire face au grand banditisme cela a affecté mes activités sur tous les points. Parfois je souris mais au fond de moi je suis triste. Mais toutefois, la traversée des zones occupées par les hommes armés n’est jamais un exercice facile, malgré toutes les méditations et les prières qu’on puisse faire, ça ne peut pas nous empêcher d’être stressés et même d’imaginer les pires scénarios possibles. Arrivant en cette fin d’année scolaire, je reprends fidèlement le magnificat de la Vierge Marie afin de rendre grâce et de bénir son bras puissant.

Madame Gina: L’année académique 2023-2024 fut inquiétante et paraissait vraiment sombre et frustrante, mais nous avons fait tout ce que nous pouvions pour former nos élèves. Car, selon Don Bosco, notre fondateur, nous devons former la tête et le cœur. De cette manière, nous pouvons dire à haute voix que le Seigneur a fait pour nous tant de merveilles au sein du Collège, car, nous avons pu réaliser même ce que nous ne saurions imaginer. Avec Dieu nous avons fait tant d’exploits. Que son nom soit béni à perpétuité.

Les parents ne sont-ils pas nos premiers collaborateurs ?  Eux même également doivent nous dire quelque choses. Alors la sœur a rencontré une maman qui s’est exprimée.

Madame Romainneta Premier : Bon l’année scolaire n’a pas été du tout facile ma Sœur  parce que, là où j’habite c’est une zone vraiment dangereuse, parfois il y a des tirs nourris. Les enfants avaient l’habitude d’avoir de forte moyenne, maintenant il y a une réduction, parfois ils sont démotivés et déconnectés on est obligé de les forcer. Mais nous remercions Dieu, car  nous voyons que l’année s’achève.

 

Les ménagères et les gardiens ont contribué à la réussite de cette année par leurs tâches spécifiques. Nous avons rencontré six d’entre eux.

Monsieur  James: Cette année  apparaît compliquée, inattendue face à tout ce qui se passe dans le pays. Les gens sont devenus plus agressifs, ils nous ont menacés mais nous sommes restés fermes.

Mr Guy: Ma Sœur, j’aurai 15 ans d’expériences ici, mais cette année nous maltraite beaucoup. Je défends l’intérêt de l’école, James qui est à la barrière 16 et moi qui suis ici à la barrière principale travaillons de concert. En plus de la sécurité de l’établissement, je dois avoir toujours de l’argent en poche car il y a des moments où les parents n’arrivent pas encore à les prendre, ils me demandent de leur acheter de l’eau.

Renald Jean Semelien: C’est nous qui gardons la cour propre, je me bats toujours pour enlever tous les déchets.  Les enfants jettent beaucoup plus de déchets par terre que dans les poubelles.

M.Luc : Ma Sœur c’est mon devoir de tenir propre cet espace. Quand quelqu’un arrive ici il doit avoir l’envie de rester.

Mme Kenoll : Pour le bloc sanitaire ma Sœur, ce n’est pas bien, les enfants nous donnent beaucoup de travail. Ils causent beaucoup de problèmes, ils versent de l’eau sur le sol, ils mettent du papier dans l’évier.

Mme Mésilia Deni : Les enfants sont tellement drôles quand je remplis les drum de stockage d’eau comme réserve, ils y jettent des vieilles choses la dedans. Puis je suis bien obligée de jeter l’eau pour les remplir à nouveau.

Les élèves qui sont les destinataires pour qui nous sommes là ont partagé avec nous également leur expérience.

Je suis Chery Eureka : Pour moi, l’année a été très difficile et mouvementée avec l’arrivée des gangs à Carrefour surtout quand on devait se rendre à l’école, un jour on vient et l’autre non cela a entraîné beaucoup de stress chez moi personnellement. Merci.

Je suis Darbouse Ovid Ronaldo : Une année réussie dans un pays difficile, un élève qui a bouclé cette année en beauté est un héros. Un auteur a dit qu’ »Une vie sans épreuve n’en vaut pas la peine d’être vécue”, je peux dire que cette année a été une réussite malgré les difficultés. Un autre auteur a écrit « Il n’y a pas de médaille sans guerre”, alors pour démontrer notre force, il a fallu qu’on ait des examens scolaires et existentiels, par la grâce de Dieu on les a réussi. Ainsi, je profite de cette occasion pour dire à mes camarades, qu’ils sont comme des élastiques, pour aller plus vite il faut qu’on l’étire et en l’étirant on peut dire qu’il peut avoir des sentiments de régression mais ce n’est pas le cas. Alors, il faut les étirer afin qu’ils puissent aller de l’avant.

Wade Shnyni Blanchet : Cette année n’était pas facile. Parfois, on n’est pas venu à l’école à cause de la situation du pays. Malgré tout, nous nous sommes bien amusés avec nos camarades. Je tiens à remercier toutes les maîtresses et maîtres d’avoir pris soin de nous.

Anne Neissa Etienne : Malgré tous les troubles sécuritaires ayant affecté nos vies d’étudiants, dans chaque mauvaise expérience on peut toujours en tirer du bon et avancer et cela nous a permis de nous concentrer sur l’essentiel augmentant notre envie de réussir. Nous avons un sentiment de libération et de gratitude car nous sommes encore en vie et nous espérons qu’avec le Seigneur l’année prochaine sera calme et plus fructueuse pouvant ainsi contribuer à un taux de réussite beaucoup plus élevé de notre part.

Les jeunes sont les premiers responsables de leur formation comme nous le disons toujours. La communauté des sœurs en collaboration avec tous a grandement contribué pour terminer cette année et stimuler une lueur d’espoir dans le cœur de ces jeunes si découragés face à notre pays. Nous avons tous fait de notre mieux pour rendre significative notre présence au milieu des jeunes dans un contexte socio-politique tellement délicat cette année. Un repos bien mérité pour ces vacances d’été pour mieux nous ressourcer mais le travail est à peine commencé.

Sœur Johana Pierre, l’antenne de la communication pour la communauté.

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