NOTE DE LA COMMISSION ÉPISCOPALE HAÏTIENNE POUR LA BIBLE
A L’OCCASION DU DIMANCHE DE LA PAROLE DE DIEU
Frères et Sœurs bien-aimés,
« Dispersé par la déportation, le peuple se retrouve maintenant rassemblé autour de l’Ecriture Sainte comme s’il était ‘un seul homme’ (Néhémie 8,1). A la lecture du livre sacré, le peuple ‘écoutait’ (Néhémie 8, 3), sachant qu’il retrouvait dans cette parole le sens des événements vécus. » (Pape François, Aperuit illis # 4).
1-La Commission Épiscopale Haïtienne pour la Bible vous salue tous sous la mouvance de l’Esprit Saint et s’adresse à vous qui dans la foi accueillez la Bible comme révélation certaine de la Parole de Dieu et qui reconnaissez en cette Parole de vie une lampe sur la route et une lumière sur vos pas. Elle vous rappelle également, comme le demande Notre Saint Père, le Pape François, dans son Motu Proprio « Aperuit illis » (« Il leur ouvrit », cf. Lc 24, 45), publié en la mémoire liturgique de Saint Jérôme, grand traducteur de la Parole, le 30 septembre 2019, que le 3ème Dimanche du Temps Ordinaire du calendrier liturgique, qui tombe cette année le 23 janvier 2022, sera le Dimanche de la Parole de Dieu (Lettre Apostolique en forme de Motu Proprio Aperuit illis # 2 et 3).
2-Ce sera pour vous tous, amoureux des Écritures Saintes, un jour solennel consacré à la célébration de la Parole, à sa proclamation, à son écoute attentive, à sa méditation, à la réflexion appropriée sur elle, à son approfondissement, à son dévoilement et à son annonce adaptée selon les critères de communication de l’époque dans laquelle nous vivons. Il s’agit, en fait, de faire de ce Dimanche de la Parole un jour important, unique, modèle et paradigmatique capable de nous inspirer chaque jour et de nous aider à savourer les délices de la Parole, redécouvrir son rôle, son importance, sa valeur et son poids dans la vie et dans la mission de l’Eglise mais aussi et surtout à réaliser la nécessité de toujours lui accorder la première place dans notre vie personnelle, religieuse, sociale, communautaire, culturelle, mystique, familiale, relationnelle et institutionnelle.
3-La Commission invite donc tous les fidèles et les pasteurs de l’Eglise locale et tous ceux qui croient en la puissance créatrice, performatrice, purificatrice, thérapeutique, consolatrice, transformatrice, libératrice et salvifique de cette Parole de vie à se laisser toucher par elle pour la conversion des cœurs, pour la guérison intérieure, pour la consolation, pour la rédemption de l’âme, pour la libération de l’esprit, pour la résurrection historique et pour l’unité restituée de nos communautés. Elle exhorte tout un chacun et toutes les communautés à revenir à la source de la Parole qui se trouve en Dieu afin de dépasser l’indifférence par rapport à la Parole, de surmonter l’ignorance des Écritures, de diluer la confusion concernant le primat de la Parole, de rendre beaucoup plus disponible le matériel biblique au niveau de la traduction et de la diffusion, d’embrasser au niveau de l’Eglise une pastorale biblique globale et locale et de s’engager à accompagner dans les paroisses et petites communautés une vraie animation biblique de toute la pastorale pour augmenter la compétence et la responsabilité de tous en la matière.
4-Elle encourage tous les fidèles et tous les prêtres à devenir davantage familiers et intimes des Saintes Ecritures et à bien réaliser que cette Parole est adressée à tous et à chacun mais aussi que nous devons travailler dans l’Eglise pour porter tout homme et toute femme à lire librement, concrètement et directement, avec les outils nécessaires dans l’Eglise et selon la Tradition, la Parole de Dieu, à se laisser fasciner par cette Parole, à se laisser habiter par la passion de la Parole jusqu’à devenir des affamés d’elle au quotidien. L’homélie, la catéchèse, la liturgie, la diaconie, les actions sociales et caritatives doivent toujours se baser sur la Parole et doivent avoir une forte inspiration et connotation biblique. Les groupes d’apostolat, les mouvements d’action catholiques, les initiatives spirituelles, les pèlerinages, les veilles de prières, les activités apostoliques et les décisions pastorales doivent être fondés, dirigés, guidés et orientés par la Parole. Personne ne peut utiliser la Parole comme un tremplin pour monter un piédestal.
Personne ne doit ni ne peut manipuler la Parole à des fins contraires à la volonté de Dieu.
5-Le peuple qui a faim de la Parole a le droit de la trouver à sa disposition dans sa langue, dans sa culture, dans ses mœurs, ses us et coutumes. Nous devons soutenir la création de groupes d’écoute de la Parole et porter les gens à utiliser la méthode de la « Lectio Divina » personnellement et en groupes. La Commission réitère ce que dit le concile Vatican II dans la Constitution dogmatique Dei Verbum : « L’Eglise a toujours vénéré et vénère encore aujourd’hui les Saintes Écritures et ne manque jamais de se nourrir de cette Parole de vie. » La Commission recommande, comme Saint Paul le demande à tous les chrétiens, de considérer « l’Ecriture Sainte inspirée de Dieu comme une nourriture spirituelle utile à enseigner, à convaincre, à corriger et à éduquer » (2 Tim. 3, 16) . Elle suggère au peuple de Dieu de consacrer du temps à la Parole, de prier avec les Écritures Saintes, de ne jamais s’habituer ni s’accoutumer à la Parole de Dieu mais de toujours se nourrir d’elle et de pouvoir la chanter dans les psaumes pour redécouvrir jour après jour une nouvelle fraîcheur de la parole et pour vivre en profondeur les relations de manière plus serrée avec Dieu et avec les frères et sœurs.
6-La Commission salue, tout particulièrement, le travail de traduction et publication de la Bible en créole haïtien et de formation biblique que réalisent les membres de l’Association Biblique Catholique Haïtienne (ABICAH) ou Asosiyasyon Biblik Katolik Ayisyen (ABIKA). Elle encourage ABIKA à poursuivre avec persévérance cette mission que lui a confiée la Conférence Épiscopale Haïtienne (CEH) pour que sur nos routes d’Emmaüs Jésus Ressuscité continue « d’ouvrir notre intelligence à la compréhension des Écritures » (Lc 24, 25).
7-Enfin, la Commission conseille aux Diocèses et aux Paroisses de mettre beaucoup plus d’accent sur le nouveau ministère laïc du lectorat remis en vigueur par le Pape François, de mettre sur pied des « Ecoles de la Parole » pour intéresser les agents pastoraux, jeunes et moins jeunes, à prendre en main la Parole de Dieu. Elle convie les communautés, les Paroisses et les chapelles à procéder à la distribution et à la remise du Livre de la Parole de Dieu dans des jours de fête, dans la préparation des catéchumènes en cheminement vers l’initiation chrétienne et pendant la réception des sacrements. Elle demande aux catholiques de revenir à la tradition de la procession de la Parole dans la Liturgie dominicale et à la proclamation de cette parole par des lecteurs institués. Elle convie le peuple à se mettre debout comme un seul homme, selon le livre de Néhémie , cité dans Aperuit illis, pour écouter la Parole de Dieu et s’incliner devant elle pour dire : « Amen! Amen !» (Né 8, 6). En outre, la Commission souligne, comme Néhémie, que la Parole prend corps réellement dans la qualité de soin et de service aux défavorisés, dans l’attention envers les plus vulnérables et les plus pauvres et dans la joie (Né 8, 12). Et « Tout ce que le Seigneur vous dira : « Faites-le! » (Jean 2, 1-12).
8-Que ce Dimanche de la Parole de Dieu soit un temps et un espace pour retrouver la fraîcheur de la Parole qui illumine et fortifie nos vies. L’Eglise doit pouvoir toujours se renouveler et retrouver sa jeunesse, son dynamisme avec la Parole de Dieu qui ne vieillit pas et qui ne s’épuise jamais. L’Eglise doit habiter la Parole car, dit Saint Bernard: « Si la Parole de Dieu est gardée par l’Eglise, l’Eglise sera gardée par cette Parole. »
Donné à Port-au-Prince, au siège de la Conférence Épiscopale Haïtienne, en ce Dimanche de la
Parole de Dieu, le 23 janvier 2022.
Mgr Pierre-André DUMAS
Évêque du diocèse d’Anse-à-Veau et Miragoâne
Président de la Commission Épiscopale Haïtienne pour la Bible