Sr Martha Séide explique à la Radio télé solidarité le sens de la journée dans un interview
http://https://www.youtube.com/watch?v=8awYEQkYc6w
Radio Télé Solidarité :
Bonjour sr Martha, nous sommes heureux de vous accueillir encore une fois sur notre plateau, nous avons entendu par hasard que le jeudi 13 mai prochain sera la journée mondiale de l’éducation catholique. C’est la première fois que nous entendons cette nouvelle, vous qui travaillez dans une Université pontificale, pouvez-vous nous expliquer qui, quand et pourquoi a été instituée cette journée ?
Sr Martha :
En 2002, le Congrès de l’OIEC (Office International de l’éducation catholique) qui s’est tenu à Brasilia avait décidé de mettre en place une journée mondiale de l’éducation catholique, dont la date avait été fixée quarante jours après Pâques (soit le jeudi de l’Ascension). Depuis lors, quelques pays ont maintenu la célébration de cette Journée mondiale. Cette année à la veille du vingtième anniversaire de cet évènement et dans le contexte du Pacte Global pour l’Éducation lancé par le Pape François, l’OIEC profite pour relancer cette journée au niveau mondial en collaboration avec d’autres organisations. Cette journée sera en effet l’occasion de porter l’éducation catholique dans la prière et dans l’espérance, de rendre grâce pour l’engagement sans faille des éducateurs, et pour mieux faire connaitre le rôle si important que joue les écoles catholiques dans le monde. Donc le but de la journée est de réfléchir, de reconnaître et de célébrer l’éducation catholique.
Radio Télé Solidarité :
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de l’OIEC ?
Sr Martha :
L’Office international pour l’enseignement catholique (OIEC) est né le 20 septembre 1952 à Lucerne, Suisse, de la volonté d’Évêques et de représentants de différents pays (Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Etats-Unis, France, Indonésie, Irlande, Italie, Luxembourg, et Pays-Bas). Dans un contexte d’après-guerre et de réconciliation, quelques années après la création de l’ONU puis du Conseil de l’Europe, il s’agissait de donner au monde le message que l’éducation catholique était engagée au service de la paix et du dialogue entre les nations. Les membres de l’OIEC sont les organisations nationales en charge des écoles catholiques dans un pays, telles que désignées par l’autorité ecclésiale de ce pays. Ce sont aussi des congrégations engagées dans le service éducatif. L’OIEC a rapidement été reconnu par le Saint-Siège comme une organisation catholique internationale. Il a ensuite obtenu un statut consultatif auprès des organisations internationales, au sein desquelles il représente les écoles catholiques du monde entier.
Radio Télé Solidarité :
Avez-vous l’effectif plus ou moins des élèves qui fréquentent l’école catholique dans le monde ?
Sr Martha :
Selon le Rapport mondial sur l’éducation catholique 2021, 62 millions d’enfants sont inscrits dans les écoles catholiques (pré-scolaire, primaire et secondaire) dans le monde, et plus de 6 millions d’étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur catholique (*). Les écoles catholiques sont particulièrement présentes dans les pays à faible revenu. Dans ces pays, un étudiant du primaire sur sept est dans une école catholique. Cependant, la pandémie COVID-19 menace la pérennité de certaines écoles et universités, surtout celles qui ne bénéficient pas d’un soutien de l’État.
Radio Télé Solidarité :
Quelles sont les activités prévues pour cette journée mondiale de l’éducation catholique ?
Sr Martha :
À cause de la pandémie, on ne réalisera pas un événement de rassemblement au niveau mondial, mais l’OIEC a produit différents outils pour nous permettre de célébrer cette journée en réseau et au niveau local :
- Une brochure de 8 pages en anglais, en espagnol et en français ;
- Un dépliant d’une page (en 3 langues),
- Un rapport avec 25 interviews (en anglais, mais avec des interviews dans les trois langues).
- Un Lien pour téléchargement.
- un guide pour construire le pacte éducatif global au niveau local
Radio Télé Solidarité :
Quels sont les contenus de ces outils ?
Sr Martha :
– Le dépliant d’une page est pratiquement un poster électronique de présentation de tous les outils avec les logos de toutes les organisations fédérées sur le thème du pacte éducatif global.
– la brochure de 8 pages reporte des ressources de la journée et des phrases célèbres extraites des différentes entrevues.
– Le rapport des 25 interviews est structuré en trois parties : la première est centrée sur l’éducation des filles et comprend 7 interviews des sœurs Salésiennes ; la deuxième concerne les interviews des directeurs et responsables des régions de l’OEIC et enfin la troisième partie reporte les interviews des grandes organisations internationales.
Le guide pour construire le pacte éducatif global indique pas à pas les orientations à suivre pour rendre effectif le pacte éducatif au niveau local.
Radio Télé Solidarité :
Pourquoi toute la première partie est basée sur des entrevues faites seulement aux Sœurs Salésiennes ?
Sr Martha :
Cette année la journée mondiale coïncide avec la fête liturgique de notre cofondatrice Sainte Marie Dominique Mazzarello qui a été une grande éducatrice. C’est pour l’OIEC une occasion de l’honorer à travers ses filles qui ont si bien continué sa mission à travers le monde.
Radio Télé Solidarité :
Qui était Marie Dominique Mazzarello ?
Sr Martha :
Marie-Dominique Mazzarello est née le 9 mai 1837 à Mornèse, petite localité du Monferrat dans la Province d’Alessandria en Italie. Comme toutes les filles de son âge, elle travaille dur avec son père dans les vignes du Monferrat. À 15 ans, elle s’inscrit à l’Association des Filles de Marie Immaculée et commence un apostolat auprès des fillettes du village dans le souci d’être utiles aux plus démunis. La grave maladie du typhus, qu’elle contracte à 23 ans, va transformer sa vie. Elle n’a plus la force de travailler aux vignes. L’expérience de la fragilité physique la pousse à un abandon plus profond à Dieu. Elle décide alors, avec son amie Pétronille, d’apprendre la couture pour aider les jeunes filles à se préparer à leur vie de femme et, en même temps, leur apprendre à connaître et aimer Jésus. Grâce à la participation régulière aux sacrements et à la direction sage et éclairée du curé Don Pestarino, elle fait de grands progrès dans la vie spirituelle.
Une rencontre avec Don Bosco (08-10-1864) aboutit à l’élaboration d’un projet de vie religieuse pour elle et ses compagnes. Le 5 août 1872 : c’est la naissance de la Congrégation des « Filles de Marie Auxiliatrice ». Comme première Supérieure, elle sera une habile formatrice et maîtresse de vie spirituelle. Dotée du charisme de la joie sereine et rassurante, rayonnante de bonheur, elle saura amener d’autres jeunes à se consacrer à l’éducation de la femme.
L’Institut se développe rapidement. Les vocations se multiplient et les maisons s’ouvrent un peu partout. Cinq ans plus tard, on voit partir le premier groupe de sœurs pour l’Argentine.
À sa mort le 14 mai 1881 (âgée de 44 ans), elle laissera à ses filles une tradition pédagogique imprégnée des valeurs évangéliques : la recherche de Dieu connu à travers une catéchèse éclairée et un amour ardent, la responsabilité dans le travail, la franchise et l’humilité, l’austérité de vie et le don de soi dans la joie, spécialement la passion éducative au service des enfants et des jeunes filles. L’Église a vite reconnu la qualité de ses vertus et l’a proclamée sainte en 1951. Son corps est vénéré dans la Basilique de Marie Auxiliatrice à Turin. Sa fête se célèbre le 13 mai.
Radio Télé Solidarité :
Que souhaitez-vous pour l’enseignement catholique ?
Sr Martha :
Je rêve d’un enseignement catholique qui puisse vivre pleinement sa catholicité, c’est-à-dire sa vocation à l’universalité. Nous savons que par principe, l’école ou l’Université catholique doit être une institution ouverte, inclusive et accessible à tous, privilégiant surtout les plus pauvres. Cependant dans la réalité, l’enseignement catholique un peu partout dans le monde a des difficultés à suivre ce principe ; c’est un enseignement plutôt sélectif au service de la catégorie sociale plus favorisée au niveau économique. De ce fait, il y a une certaine incohérence entre les valeurs prônées et ce que nous vivons. Une des principales causes est l’aspect économique. En ce sens, le Pacte éducatif mondial pourrait nous stimuler à créer des synergies pour nous entraider. Par exemple, la formule des MOOC (Massive Open Online Courses) pourrait nous inspirer.
Je rêve d’un enseignement catholique capable de faire de l’école un lieu de vie agréable où l’on puisse respirer et assimiler la vision chrétienne de l’existence ; un enseignement humanisant, transcendant et libérateur ; une éducation intégrale qui passe par la tête, le cœur et les mains en vue d’un impact positif sur la société. En ce sens, les communautés éducatives devraient être adéquatement formées pour s’engager ensemble à créer ce climat où les valeurs évangéliques imprègnent d’une manière transversale tous les secteurs et toutes les dimensions de l’éducation. Par conséquent, un enseignement catholique capable d’éduquer à l’humanisme solidaire pour récupérer la fraternité universelle qui nous caractérise et que le Pape nous repropose comme voie pour construire une civilisation de l’amour.